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thierry Ehrmann : le Musée des Confluences, Miroir du temps

2014/12/24 Commentaires fermés

Le Musée des Confluences – Miroir du temps 

Le musée des Confluences signe le grand retour du musée Guimet d’histoire naturelle à Lyon et la renaissance, au troisième millénaire, du cabinet de curiosités…

Avec lui, une porte se ferme sur le musée du XXème siècle et la « migraine du conservateur », tandis qu’une autre s’ouvre pour embrasser la diversité de l’histoire et des civilisations, proposant une réflexion sur ce que peut être aujourd’hui l’appropriation du savoir, proposant d’« instruire l’oeil sur les choses rares et belles » dans un esprit de totale délectation.

Confluences

Musée des Confluences © thierry Ehrmann

Une enveloppe, un symbole

Se découvrant à la fois joyau de l’architecture déconstructiviste et prouesse technique sensationnelle, le bâtiment s’impose comme un nouvel emblème de la ville de Lyon. Les architectures monumentales ont toujours été des symboles forts, ancrés dans un lieu, témoin d’une époque.

C’est un fait depuis les civilisations les plus anciennes et ça l’est encore de notre temps, comme l’a prouvé le nouveau souffle architectural dont l’exemple le plus frappant est l’« effet Bilbao » du musée Guggenheim de Frank Gehry (ouvert au public en 1997). Et quelques semaines tout juste après l’ouverture à Paris de la Fondation Vuitton d’art contemporain, un nouvel édifice émerge dans le paysage architectural français : le musée des Confluences, installé à l’extrémité de la péninsule lyonnaise, au confluent du Rhône et de la Saône.

Le musée affiche sa silhouette singulière, pensée par le cabinet viennois Coop Himmelb(l)au comme une expérience architecturale visant à se libérer de la pesanteur tout en affirmant son désir de conquête. Cette architecture mouvante, transparente et tout en rupture, d’une surface totale de 22 000 m², a pourtant la densité d’un nuage.

Elle est d’ailleurs coiffée d’un « Nuage » (ainsi nommé) géant, flottant au-dessus du sol (son sommet culminant à quelque 37 mètres au-dessus de la chape centrale), lequel abrite 10 salles d’exposition réparties sur deux niveaux. A l’intérieur : le luxe de l’espace, une circulation fluide pensée comme un flux d’énergie, l’éloge de la transparence et de la limpidité grâce à l’usage massif du verre, le Cristal comme vortex qui relie le ciel au sol ; une déconstruction omniprésente qui se veut à l’image d’un savoir en mutation permanente.

L’architecture au service des savoirs
Le bâtiment s’ouvre autant sur la symbolique et l’imaginaire qu’il répond à un contexte scientifique, celui d’un musée. Il ne s’agit plus simplement d’imposer doctement ses trésors et ses savoirs, mais de proposer une expérience sensible de l’exposition.

L’enjeu de Confluences est de démythifier l’expérience du musée, d’autoriser une appropriation des savoirs qui passe par des espaces d’expérimentations, la possibilité de prendre des photos (généralement interdites dans les musées), de toucher certains objets, de s’offrir un tête-à-tête virtuel avec un hologramme d’Albert Einstein, entre autres.

L’exposition permanente, répartie sur 3 000 m², se décline en trois volets : « Origines », « Espèces » et « Sociétés ». Des milliers d’objets venus du monde entier forment une accumulation des savoirs – passé, présent, futur – de la géologie à l’anthropologie de l’archéologie à l’astrophysique, de l’entomologie aux arts traditionnels inuit, aborigène, africain, égyptien, khmer, d’Extrême-Orient, etc.

Au premier niveau, les expositions temporaires. Pour l’ouverture, le musée des Confluences se devait bien sûr d’honorer celui qui fut à l’origine même de ce projet, l’homme qui, dans la plus pure tradition humaniste et fraternelle, l’avait rêvé il y a plus de 100 ans : Emile Guimet.

Après 8 000 visiteurs accueillis lors de ce week-end d’ouverture (20-21 décembre 2014), la direction attend humblement 500 000 visiteurs par an, mais le musée devrait raisonnablement dépasser le million d’entrées au cours de la prochaine année.

Lyon’s new Confluence Museum – a mirror of time

The Confluence Museum represents both the grand return of the Guimet Museum of Natural History in Lyon and the rebirth, in the third millennium, of a renaissance-style cabinet of curiosities…

With its opening, a door closes on the Museum of the 20th Century and the migraine du conservateur (curatorial stagnation), while another opens to embrace the diversity of history and civilizations, offering a reflection on what the appropriation of knowledge means for us nowadays, and suggesting that we “train our eyes on rare and beautiful things” in a spirit of uninhibited delight.

The Musée des Confluences ©thierry Ehrmann

A landmark and a symbol
Housed in a jewel of deconstructivist architecture that is itself a stunning technical achievement, the building is a new landmark in the city of Lyon. Monumental buildings have always been strong symbols, rooted to a particular spot and standing witness to a particular era.

This was true for the most ancient civilizations and it remains true today, especially since Frank Gehry’s Guggenheim Museum (which opened to the public in 1997) triggered a new architectural momentum that some have referred to as the “Bilbao effect”. And so just a few weeks after the opening of the Vuitton Foundation for Contemporary Art in Paris, a new iconic edifice has appeared on the French architectural landscape: the Confluence Museum, located at the tip of the Lyon peninsula, where the Rhône and the Saône rivers meet.

The new museum’s most singular shape was designed by the Viennese firm Coop Himmelb(I)au as an architectural attempt to defy gravity while expressing a desire for conquest.

The building, which looks mobile, transparent and angular, has a total surface area of 22,000 square meters, but the apparent density of a cloud. In fact, the entire structure is a sort of giant “cloud” (that’s what the upper section is called) floating above the ground (it rises 37 meters above the central base) and contains ten exhibition rooms built on two levels.

Inside, the space is luxurious and the fluid circulation has been conceived like a flow of energy, with light, transparency and clarity, thanks to the massive use of glass. The intermediate “cristal” section is like a vortex connecting the sky to the ground. The whole project expresses a powerful deconstructivist approach reflecting the notion of a constantly evolving knowledge base.

Architecture supporting knowledge

The building functions equally well as a symbol, a threshold to the imaginary, and as an edifice with a scientific mission, that of a museum. But the mission is no longer to learnedly impose treasures and knowledge on its visitors, but rather to offer a sensory experience.

The objective of the Confluence Museum is to redefine the museum experience by allowing visitors to comprehend knowledge via experimentation and direct experience. Taking pictures is allowed (usually prohibited in museums) as is touching certain objects. You can even have a virtual conversation with a hologram of Albert Einstein (among others).

The permanent exhibition, spread over 3,000 square meters, is divided into three parts: Origins, Species and Societies. Thousands of items from around the world represent a sort of bank of knowledge – past, present and future – from geology to anthropology, from archaeology to astrophysics, from entomology to traditional arts and crafts by Inuit, Aborigines, Africans, Egyptians, Khmer people and Far Eastern civilisations, etc.

The first level houses the temporary exhibitions. For its opening, the Confluence Museum was bound to honour the man who was at the origin of the project; the man who, in true humanist and fraternal tradition, dreamed it up more than 100 years ago: Emile Guimet.

After 8,000 visitors for the museum’s opening weekend (20-21 December 2014), its management is expecting a modest 500,000 visitors a year; however, it would probably be more realistic to expect an annual visitor total of at least one million.

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